Les brisées

Jean-Yves Laurichesse est né à Guéret (Creuse) en 1956.
Il vit à Toulouse où il enseigne la littérature française à l’Université.
Il a publié des essais critiques sur Giono et Stendhal, Claude Simon, Richard Millet, ainsi que plusieurs ouvrages collectifs et de nombreux articles.
Son premier roman, Place Monge, paraît en 2008 aux éditions Le temps qu’il fait, dirigées par Georges Monti.
Puis viennent Les pas de l’ombre en 2009, L’hiver en Arcadie en 2011, Les brisées en 2013, ce quatrième livre formant avec les deux premiers une petite trilogie familiale et personnelle au long du XXe siècle.
Entre récit de filiation, écriture de soi et pure fiction, son travail porte sur les liens secrets qui, en certains lieux, unissent le présent et le passé, le réel et l’imaginaire, tels que la langue peut les mettre au jour.
Jérôme Garcin a consacré son « Coup de coeur » du Nouvel Observateur à trois de ses romans.
Il a reçu le prix littéraire de la Ville de Balma en 2009 pour Place Monge et le prix ARDUA en 2013 pour l’ensemble de ses livres.
Sa fille Ana, pianiste, a conçu plusieurs lectures musicales de ses textes.

Les brisées

Quarante ans après, un homme retourne à Guéret (Creuse), où il est né en 1956 et où il a grandi.
Tout à changé, évidemment, et il ne reconnaît rien de sa ville, de sa maison, de son jardin où l’herbe a poussé et les arbres ont disparu.
Alors, magie et privilège de la littérature, ce que le temps a emporté et défiguré, il le recompose patiemment dans son livre.
Ici, il installe la cuisinière d’émail blanc avec son lourd cercle de fonte et, là, le radiateur à gaz infradiant.
Il monte dans la 403 noire pour les vacances d’été, aide aux foins et aux regains, robinsonne dans une cabane, au milieu des pommiers.
À l’adolescence, il écrit ses premiers poèmes, les envoie même à un grand écrivain, dont son père possédait les volumes, qui lui répond par une carte : « Exigez beaucoup de vous. Votre jeunesse n’a pas d’excuse. » C’est René Char.
Et puis les années passent, il devient professeur, se consacre à Stendhal, Giono, Claude Simon, qu’il rencontre, et finit par s’accommoder de ne plus écrire que « dans les marges des grandes œuvres ».
Jusqu’au jour où, la cinquantaine passée, il trouve enfin sa voix, si mélodieuse, et sa voie, celle du passé réinventé et de la filiation exaltée.

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