La tristesse durera toujours/Le divorce

Ancien élève de l’ENS Ulm, Yves Charnet est, depuis 1996, responsable des enseignements de culture générale à SUPAERO (Toulouse).
Conseiller artistique auprès de Jacques Nichet, il a notamment organisé le cycle de rencontres « Avec la poésie contemporaine » dans le cadre de Mille Milliards de Poèmes en mai 2000 au Théâtre de la Cité. Intervenant comme critique dans différentes revues (Europe, Prétexte, Scherzo), il participe à de nombreux colloques en France et à l’étranger.
Depuis 1992, il développe un travail de mise en voix de ses propres textes en compagnie des comédiens Jacques Bonnaffé, Cécile Bouillot et Denis Podalydès.
Écrivain, Yves Charnet a publié aux éditions de La Table Ronde trois livres.

La tristesse durera toujours

C’est un livre en morceaux, le livre d’un homme qui a beaucoup perdu et, d’abord, une vieille dame qui fut comme sa grand-mère, à La Charité-sur-Loire, nom composé pour lui puisqu’il y est à la fois question du fleuve près duquel il aime rêver et d’une attitude ou d’un état qu’il connaît.

La tristesse durera toujours est une phrase qu’aurait prononcée Van Gogh.
Maurice Pialat la reprend dans À nos amours et Yves Charnet semble vivre avec, dans une mélancolie qui nous atteint.

 La tristesse durera toujours est d’abord un livre d’amour qui s’ouvre sur l’image de Madame G. Son nom n’est donné qu’une seule fois, comme s’il fallait la préserver de l’impudeur. Elle aura été comme la grand-mère d’Yves Charnet, lui ouvrant sa bibliothèque, l’aidant quand il en avait besoin, l’écoutant. Et ce livre, il le considère comme celui de sa « grand-mère imaginaire », ou sa « légende » : « J’aimais Madame G. corps et âme. Désir censuré, chagrin interminable. Je ne savais pas encore que c’est avec ça qu’on fait les livres. Le désir, le chagrin ; le manque, la perte. »

Le divorce

« C’est une sale guerre. Le divorce. »
Ce sont les derniers mots de ce journal d’une séparation.
Ce « journal interloqué » qui commence avec l’aveu, par l’homme abandonné, d’une impossibilité de « vivre dans un monde où Marie-Pierre n’aimerait plus Yves ».
Vingt-huit ans d’amour se défont – brutalement, douloureusement, violemment – en quelques mois qui seront, et pour toutes les figures de cette crise intime, sans retour.
L’écriture comme la vie font, dans ces pages denses et noires, l’épreuve d’une radicale absence de sens.
D’une irrémédiable désorientation.
Rien d’autre à faire, dans cette saison en enfer, sinon d’écrire « pour se tenir à quelque chose ».
Se retenir à son stylo.
Le divorce est décrit, dans ces « carnets déchirés », comme une séparation sans réparation.

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