10 Décembre, nous touchons au but de notre voyage.
Après les 40èmes rugissants et les 50èmes hurlants de la semaine passée, nous avons franchi la mer de glace et le bateau glisse maintenant dans une eau calme et transparente entre les icebergs aux reflets turquoise.
Il n’y a pas de vent, le ciel est bleu, la température proche de -20° est supportable.
C’est bon, c’est beau, je suis bien.
Nous sommes tous sur le pont, il n’y a pas un mot, nous découvrons, stupéfaits ce spectacle magnifique, ce décor hors du commun.
Quelques manchots et phoques se prélassent au soleil sur des quelques morceaux de glaces qui dérivent calmement, c’est splendide, nos sommes éberlués devant cette nature qui appelle à la quiétude.
La même nature qui en quelques coups de vent du sud pourra se déchainer et devenir redoutable.
Un bloc se détache d’un gros iceberg et tombe dans un bruit de tonnerre, la mer s’agite, les manchots et les phoques se précipitent à l’eau.
Paul Emile Victor nous rejoint :
“Maintenant les gars je peux vous souhaiter la bienvenue dans ma famille des Expéditions Polaires Françaises.
Vous voilà membres de la 17ème mission antarctique.”
En fin de matinée, le « Thala Dan » jette l’ancre face à « l’île des Pétrels »
Décembre 1966. Nous sommes en Terre Adélie : 67° Latitude Sud
Octobre 1966. Deux mois plus tôt, j’étais en Norvège : 69° latitude Nord
éditions Anovi
Claude Salmon
*
Claude Salmon a tracé sa carrière au Centre National d’Etudes Spatiales.
Pendant près de quarante années,
il a effectué,
à travers différents programmes de recherche,
des missions dans le monde :
d’Arctique en Antarctique,
du détroit de Béring à l’Australie,
du continent américain à l’extrême Orient
en passant par la Russie.
Toutes ses missions ont déjà fait l’objet de publications
et d’analyses scientifique très techniques.
