Tu vois, je me suis ensouchée.
Je t’attends depuis si longtemps.
Sans toi la vie se lézarde, s’écaille comme la latérite aux brûlures du désert.
Je n’ai rien d’un titan.
Je voulais partir, te suivre, éclairée par ton soleil, me couler dans ta sève ; je voulais encore caresser ta peau moirée, douce sous la main telle la feuille veloutée à peine éclose d’un bourgeon.
Je n’ai pas pu.
L’ombre m’a envahi, m’a enlisé dans ce verger de larmes.
Les pieds dans la boue, j’ai refusé la chute.
Alors j’ai étiré mes racines comme un fleuve, un torrent, un ruisseau, un ru.
J’espérais te capter dans mon flux, te noyer dans mes reflux, entendre le craquement de tes os dans mes rapides.
Mais l’arc-en-ciel m’a aveuglé.
Tu es si loin
J’espérais te capter
Roseline Goerlinger
Après des études littéraires et artistiques,
elle a choisi plutôt les arts plastiques.
À la retraite,
elle a intégré le groupe d’écriture de Montgiscard,
Papiers Bavards.
Le goût des mots est revenu,
jusqu’à constituer des recueils de nouvelles brèves…